Y’auraient voulu me donner une pilule pour me faire perdre la mémoire. C’parce qu’après ça moi, je l’saurai p’us où c’est que j’es ai mis mes clés.
Je suis enchainée au passé, comprends-tu.
On devient pas plus fort. On en vient à douter. Les phrases magiques, on est allergiques. Le monde qui t’dise que tu choisis ta famille ou des affaires de même. Je l’sais pas mais moi, fallait que je crisse mon camp de d’là pis je regrette zéro de l’avoir fait.
Faique plus forte, non.
Difficile de dire ce que j’aurais été sans.
Tu développes des façons malsaines de dealer ça. Pis ça, ben ça reste. Comme de sympathiser avec lui. De parler comme lui. Pour lui. Certaines en viennent même à le défendre.
La voisine d’à côté se rappelle encore de mon cri.
Je le sais pas comment je faisais pour avoir des A+ à l’école. Je dormais tout le temps sur mon pupitre. On allait ramasser des canettes de bière la nuit pour rembourser l’argent que nos parents flambaient sur des jeux de carte.
Pis disons qu’on sentait pas la rose.
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Marie-Ève chérit l'idée d'un centre qui saurait accueillir des femmes de la rue victimes de chocs post-traumatiques complexes. Étant elle-même en rétablissement, elle veut servir d'exemple à d'autres qui partagent une trajectoire semblable, et ensemble créer des communautés visant l'épanouissement de ces Naufragères. Il s'agit ici de revivre, aidant à la création d'un monde plus vibrant.
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