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Photo du rédacteurCréations Lunaires

Entre terre et eau


En équilibre sur la rive

Charlotte L'Orage



Exemple de fascine, une méthode employée pour la stabilisation des berges


Enregistrement de la conférence à l'Université Laval


À l’occasion d’un colloque sur les phytotechnologies ayant eu lieu à l’Université Laval, à Québec, tout récemment, le thème de la stabilisation et de la protection des berges a été abordé sous de nombreux angles. Des interlocuteur-ices chevronné-es ont, tour à tour, apporter d'importantes réflexions sur ce sujet, dans un auditorium bondé presque à craquer. Dans la foule, on pouvait distinguer des étudiant-es, bien sûr, mais aussi des intéressé-es en provenance du monde municipal et provincial, des entrepreneur-es, des expert-es de terrain, des écologistes, des allumé-es.


Un des messages à retenir lors de ces denses journées – et quelque peu passives, académisme oblige – est que le passé a plusieurs leçons à nous donner. Selon le chercheur et ingénieur grenoblois André Évette, un des conférenciers phares de l’événement, nos ancêtres savaient énormément de choses sur l’aménagement des berges. Des connaissances qui se sont dégradées au fil du temps, déplore-t-il, au profit d’une mécanisation démesurée.


« On a oublié, explique le chercheur. On est passé au génie civil, on a découvert la roche, les machines, le béton, on en a mis partout. […] Parfois on a complètement bétonné les cours d’eau. On en trouve un peu partout sur la planète des cours d’eau comme ça. »

Une menace pour la biodiversité, tranche le conférencier.


Ainsi, un des travaux en cours actuellement consiste à déterrer (parfois littéralement) d'anciennes pratiques afin de les remettre au goût du jour.


Des pratiques ancestrales toujours d'actualité


« Un ouvrage réussit est un ouvrage qui ne se voit pas », déclare l’ingénieur.

Le travail de reconstruction des berges est généralement requis lorsqu’il y a eu bouleversement de la zone en question, rappelle-t-il. Autrement, la nature sait ce qu’elle a à faire sans avoir recours à une intervention humaine. Parmi les techniques partagées lors de ce colloque, s’y trouve la fameuse fascine. Placée perpendiculaire à la pente, elle est constituée de rangées de piquets remplies de tas de branches. Des arbres comme le saule et le noisetier, que l’on retrouve d’ailleurs souvent naturellement en lisière des berges, sont suggérés. Les fascines peuvent être vivantes, composées d’arbres vivants, ou mortes, soit uniquement faites de branches coupées. Ses fonctions principales sont de freiner l’eau ainsi que réduire l’érosion des sols.


On retrouve d’autres processus de génie végétal pour la stabilisation des berges, tels que l’effet peigne ou tapis, les caissons végétalisés, les pieux vivants ou l’enrochement.


« Ce sont des techniques qui ont traversé les siècles. On en retrouve des traces datant de 2000 ans en Chine […] mais aussi chez les Romains. Depuis le XVe siècle, on en a des traces régulières en Europe de l’Ouest […] et bien sûr aussi sur le continent américain, dont chez les Aztèques. »

La nature salvatrice


L’essence de ces pratiques, que l’on caractérise de génie végétale ou phytotechnologies, c’est d’imiter la nature, résume le chercheur. Cela fait écho à un principe fondamental de la permaculture, soit celui d’observer notre environnement et de s’en inspirer, voire de reproduire au meilleur de notre capacité ses fonctionnements.


« On essaie de développer des solutions fondées sur la nature ou basées sur la nature, afin qu’elles soient bio-inspirées. »

Tour à tour, les conférencièr-es du colloque encouragent l’utilisation et la valorisation d’espèces indigènes, ne serait-ce que pour éviter d'éventuelles complications pouvant découler d’espèces étrangères.


Nouveaux écosystèmes


Ce qui peut cependant compliquer les « ouvrages » effectués sur les berges, en cette ère de cataclysme écologique, est que nous assistons actuellement à la prolifération de « nouveaux écosystèmes », conséquence d’une planète Terre mise en danger par une activité humaine des plus dévastatrices.


« On est amenés à travailler avec de nouveaux écosystèmes, de nouvelles espèces. Ça pose un tas de questions pour le génie végétal. Quelles espèces doit-on utiliser, sachant que certaines de sont pas adaptées, que d’autres meurent. »

Pour en savoir davantage sur le travail de protection et de stabilisation des berges : phytotechno.com.


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